06 janvier 2006

Le croiriez-vous ? J'ai eu chaud !

Hier après-midi, vers 16h30, j'étais bien paisiblement chez un pote garagiste à Orcet occupé à démonter le train avant de la vielle BMW que je retape lorsque mon portable sonne : Miss Kid m'annonce que la neige tombe dru à Clermont-Ferrand. Un coup d'oeil par la fenêtre et je la rassure : pas un flocon en vue ! "C'est bon", lui dis-je, "Je finis de dessosser la barre stab', je range les outils et je rentre".

En temps normal, les quinze bornes sont vite torchées mais le temps que je fasse ce que j'ai dit et déjà la neige tombe à plein, la moto en est couverte ! A part ça, rien n'accroche sur la route et je décide de tenter le retour. Pendant que le moulin chauffe, je vire la neige accumulée sur la selle, le compteur, les rétros... Est-ce que j'enfile le pantalon de pluie ? Merde, il est sous la selle, pas le temps... Sans plus réfléchir je saute au guidon... et gazzz !

Je le regrette immédiatement. Pas à cause du froid ou de l'état de la route mais plutôt à cause de cette foutue neige qui me colle à la visière en gelant par dessus le marché. L'averse de neige redouble, les flocons tombent vraiment serrés et la vitesse n'arrange rien. Visibilité à chier : je me cale sur un 80 réglementaire... autant dire que je me traîne la bite comme une limace en mode lopette ! A part ça, le premier tiers du parcours est OK.

J'ai plus ou moins trois bornes à faire sur différentes voies rapides et bretelles et là première mauvaise surprise, non seulement la neige commence à tenir, mais en plus il y du trafic. Impossible de faire de l'interfile dans ces conditions. Fort heureusement, les boitaroues s'écartent en me ménageant un espace suffisant. Ils doivent me prendre pour un grand malade et gardent leurs distances. Tant mieux.

Un peu plus loin, à hauteur de ma sortie je vois des gyrophares, tout le monde ralentit... Quelques caisses en vrac, mais la neige tient de plus en plus, pas le temps de m'attarder. Je me fraie tant bien que mal un passage. A ce moment je suis presque à mi-parcours mais j'ai plus de 200m de dénivellé à grimper. Là ça commence à craindre mais plus question de s'arréter maintenant, de toute façon je ne peux pas.

J'arrive en agglo, à Beaumont pour être précis. La traversée se passe sans encombre mais en revanche dès la sortie, ça grimpe toujours et les caisses laissent de belles bandes de roulement. Je me cale sur celle de gauche et je serre les fesses. J'avance, le dernier kilomètre n'est plus bien loin mais il promet !

Quand j'attaque la montée le long de l'Artière, je me sens assez seul, je me gèle, la nuit tombe et je joue les funanbules à 50 km/h sur une piste d'une trentaine de centimêtres de large dont je sens pertinemment aux flottements de ma bécane qu'elle commence à verglacer par endroits ! D'ailleurs ça brille salement... Je suis calé en trois, heureusement que le sept et demi a du couple parce que je me vois mal changer de vitesse... 500 mètres à présent, j'essaie de repasser mentalement tous les endroits merdiques, plaques d'égouts, bandes blanches mais finalement tout ce que j'arrive à penser se résume invariablement à : "je vais me bourrer, je vais me casser la gue..."

Là ça devient l'enfer, 5cm de neige au milieu de la route, le moindre carrefour me vaut une bonne série de virgules mais j'y vais plus que mollo sur les gaz. Ca passe, le plus souvent à l'aide du pied. J'ai mal aux bras. Je roule visière ouverte depuis un moment tellement elle est gelée et aussi parce que je n'ose évidemment pas lâcher le guidon, même à 30 km/h...

C'est la fin. Je suis à 250 m de chez moi et je vais aller jusqu'au bout. De toute façon il m'est impossible de poser la brèle sur un trottoir dans ces conditions, je ne pourrais ni traverser ni même monter dessus, alors... Vient le morceau de bravoure, je dois traverser un carrefour à feux pour tourner à gauche et je sais pertinemment que si je m'arrête, je ne pourrais jamais repartir parce que ça monte. Le feu est vert, personne en face et j'entame le virage à gauche le plus long et le plus lent du monde en maitrisant tant bien que mal les écarts de ma monture... Ouf, c'est passé ! En revanche devant moi c'est la merde, une centaine de mêtres de bouillasse infâme avant le dernier virage à droite pour arriver dans ma rue... Je monte encore... Je tourne en évitant la plaque d'égout qui se dessine sous la neige fraiche... Plus que 100m et je suis arrivé mais je vais devoir faire ma trace dans la neige fraiche. Curieusement, j'éprouve un certain bien-être à faire ça, et même un sentiment de sécurité paradoxal ; évidemment, c'est plus stable que la neige gelée que je viens de me manger mais quand même !

Je me sers de la dernière montée pour me freiner, je coupe et j'effleure le levier droit pour m'arréter. Dernier obstacle, le trottoir : la bordure inclinée laisse monter la roue avant mais l'arrière décroche. Merde, mes pompes glissent, je me démonte l'épaule droite à retenir les 230kg du brélon (pas de bol, j'avais fait le plein le matin même) et je le pose comme une fleur sur le pare-carter (quelle bonne idée j'ai eu de mettre ces machins-là ! ) et la couche de neige amortit le reste. Je redresse ma bécane, je la béquille, j'ai l'impression d'avoir perdu 10 litres de sueur (mais mon calbute est propre et sec ;o) ).

J'immortalise l'instant ! Grand moment de détente inside !




Clair, ce n'est ni fait ni à faire... et pourtant, j'ai déjà roulé sur la neige mais entre un pétochon de trial d'une centaine de kilos et un roadster qui en pèse plus du double la manière n'est pas tout à fait la même ! Enfin bon, je suis arrivé sans casse et ça, ça vaut bien toute les suées du monde...

2 commentaires:

les docs du LEM a dit…

Quelle idée aussi d'aller faire de la moto sur la planète Hoth (qui porte d'ailleurs si mal son nom !!). J'en profite pour te dire que Laurent (Bois d'Enghien) a laissé un message sur mon blog où il te félicite pour les photos... Allez, sois prudent vieux frère et à bientôt entre neige, vent, tempête, verglas et brouillard... L'hiver, le bordel, la vie quoi ! (c'est une phrase à la Higelin, ça...)

Kawasakid a dit…

Que veux-tu ? Non seulement la nature est sauvage... mais qui plus est je ne pouvais resister à l'appel des joies de la glisse !

;o)