C'est une belle après-midi de fin d'été. Une journée de celles qu'on ne voudrait jamais voir s'achever. Le soleil encore haut troue l'ombre du sous-bois. L'air est doux sur ce tronçon de départementale ombragée. Pour tout dire les odeurs d'humus et de sous bois me parviennent jusque sous l'intégral. Mais je n'en ai guère conscience, la D941 c'est mon terrain de jeu et je suis tout entier à ma tâche favorite : faire tracer à ma moto des trajectoires parfaites. Les pneus et le moteur sont chaud, j'ai le coeur plein d'allégresse et le cerveau saturé d'adrénaline : ma moto et moi dessinons de belles courbes.
C'est un instant parfait, plein d'harmonie subtile : je ressens plus que je n'entends le bruit du moteur. J'aime lorqu'il ronronne, feutré, comme un gros chat faussement placide et lorsqu'il rugit comme un tigre furibard, au gré des accélérations et des rétrogradages... Ma conscience s'estompe, les bords de la route défilent sans que j'y prête attention : murs végétaux bruns-verts. Mon regard s'accroche au ruban d'asphalte qui file sous les roues : cette route semble avoir été tracée pour moi...
Etrangement je suis seul, pas un autre véhicule ne vient entraver ma chevauchée éperdue... J'en profite goûlument mais hélas, pris par le pilotage, je tarde à apercevoir cette tâche sombre sur la chausée au sortir d'une courbe sans visibilité.
Oh, non ! Pas du gasoil... Trop tard, la roue avant se dérobe et la moto se couche. Je ressens une pression, un bruit sec de branche qui se casse : ma cheville gauche vient de se briser. Au raclement sinistre du métal sur le bitume je sors de ma torpeur ; j'ai laché le guidon, je glisse, à quelques mètres de moi la moto laboure la route de gerbes d'étincelles, j'entens la plainte déchirante du moteur emballé. Le bas-côté arrive à toute allure, la moto rebondit, décrit une arabesque étrange. Un grand choc. Un voile blanc. Plus rien...
Il fait noir. L'air est chaud, épais. J'ai la bouche sèche et pâteuse. En fait je me sens affreusement mal : mon crâne sonne le tocsin, la tête me tourne et il me semble impossible d'ouvrir une paupière. J'ai l'impression que tout mon corps est engourdi, mes membres sont de plomb. Ooh ! Mes jambes ! Je ne les sens presque plus... à part ce fourmillement qui me déchire chaque fois que je tente de bouger ! Vite, un verre d'eau, il me faut un grand verre d'eau fraîche !
Je tatonne autour de moi : tiens, une canette de bière. Oh, ma pauvre tête, jamais je n'aurais dû ouvrir cette deuxième bouteille de Saint-Pourçain quand j'ai repris de la truffade pour la quatrième fois. Quand je m'endors en vrac et que j'ai du mal à digérer, je fais de ces cauchemars...
C'est un instant parfait, plein d'harmonie subtile : je ressens plus que je n'entends le bruit du moteur. J'aime lorqu'il ronronne, feutré, comme un gros chat faussement placide et lorsqu'il rugit comme un tigre furibard, au gré des accélérations et des rétrogradages... Ma conscience s'estompe, les bords de la route défilent sans que j'y prête attention : murs végétaux bruns-verts. Mon regard s'accroche au ruban d'asphalte qui file sous les roues : cette route semble avoir été tracée pour moi...
Etrangement je suis seul, pas un autre véhicule ne vient entraver ma chevauchée éperdue... J'en profite goûlument mais hélas, pris par le pilotage, je tarde à apercevoir cette tâche sombre sur la chausée au sortir d'une courbe sans visibilité.
Oh, non ! Pas du gasoil... Trop tard, la roue avant se dérobe et la moto se couche. Je ressens une pression, un bruit sec de branche qui se casse : ma cheville gauche vient de se briser. Au raclement sinistre du métal sur le bitume je sors de ma torpeur ; j'ai laché le guidon, je glisse, à quelques mètres de moi la moto laboure la route de gerbes d'étincelles, j'entens la plainte déchirante du moteur emballé. Le bas-côté arrive à toute allure, la moto rebondit, décrit une arabesque étrange. Un grand choc. Un voile blanc. Plus rien...
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Il fait noir. L'air est chaud, épais. J'ai la bouche sèche et pâteuse. En fait je me sens affreusement mal : mon crâne sonne le tocsin, la tête me tourne et il me semble impossible d'ouvrir une paupière. J'ai l'impression que tout mon corps est engourdi, mes membres sont de plomb. Ooh ! Mes jambes ! Je ne les sens presque plus... à part ce fourmillement qui me déchire chaque fois que je tente de bouger ! Vite, un verre d'eau, il me faut un grand verre d'eau fraîche !
Je tatonne autour de moi : tiens, une canette de bière. Oh, ma pauvre tête, jamais je n'aurais dû ouvrir cette deuxième bouteille de Saint-Pourçain quand j'ai repris de la truffade pour la quatrième fois. Quand je m'endors en vrac et que j'ai du mal à digérer, je fais de ces cauchemars...
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