L'hiver est presque là. La nuit tombe à cinq heures. C'est la saison honnie où sortant du travail on plonge sans transition dans un univers d'ombres... Où l'on enfile son casque en frissonant à peine. Il va falloir rentrer en fendant la nuit, accroché au pinceau lumineux sautillant que dessine le phare une trentaine mètres devant la moto.
Les premiers tours de roues et le malaise est là. D'abord imperceptible tant que l'on est en ville, puis graduellement il se fait plus présent, alors que les maisons se raréfient... La campagne à présent, déserte, fait place à la forêt. Le froid n'est pas tout seul, il est accompagné de quelques gouttes de pluie. La route est en ligne droite, semble éloignée de tout, infinie...
Le malaise s'installe comme une sensation de vide total autour de soi. Après viennent les frissons qui vous parcourent quand en plus, un filet d'air passe sous le blouson et remonte le long du dos, et de la buée se forme autour de la visière. Cette route est interminable...
Mais enfin deux points blancs scintillent au loin. Très vite ils se rapprochent. Les membres engourdis il faut tenir le cap, lutter contre cette sensation de solitude hostile... et repérer à temps deux minuscules points rouges qui semble crever l'ombre...
Ce sentiment de néant absolu c'est la fraction de seconde durant laquelle il semble n'y avoir plus de bruit ni de vent, quand on passe entre deux 40 tonnes à plus de 250 km/h...
3 commentaires:
Superbe et un peu effrayant...
... je dois avouer que tel était le but recherché ;o)
... mais que ce n'est pas autobiographique : toute ressemblance avec un motard vivant serait purement fortuite ! Avec un motard mort, en revanche...
Je dois quand même avouer que le temps qu'il fait, plus quelques expériences perso, assaisonnées d'un gros délire et d'une pincée de quatrième dimension, tout cela m'a bien inspiré ;o)
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