02 février 2006

Février...

La lecture d'un article sur le blog de Superdoc intitulé Février, enfin !, comme en écho improbable à mes propre cogitations, m'a remis en mémoire ces petites choses futiles qui me trottaient dans la tête tout au long de cet interminable mois de janvier, à commencer par le texte de cette Chronique de la Haine Ordinaire, billet d'humeur matinal que Pierre Desproges lançait sur les ondes de France Inter le 3 février 1986, vingt ans demain, putain ça nous rajeunit pas !
Desproges, à qui je dois beaucoup avait intitulé ce texte "Bonne année mon cul" et il le disais lui-même : "C'est net, sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers touvent ça vulgaire." et soit dit en passant, il n'est pas d'année qui commence sans que je le relise. Extrait :

Il était temps que janvier fît place à février.
Janvier est de très loin le mois le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année.
Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n'est pas moi qui ai commencé.
Et qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inxorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise...

Et de se rappeler à cette allusion au Père-Lachaise que Pierre Déproges habitait la région parisienne, cela étant n'importe quel cimetière anonyme de province fait tout aussi bien l'affaire.

Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son Mardi gras qui nous court sur la crêpe. [...] C'est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d'Ethiopie peuvent enfin jeuner la tête haute pour la seule gloire de Dieu.

Et de conclure sur ces mots :

Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c'est parce qu'il n'ont que 28 jours.


Quand au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.
Pierre Desproges - Chroniques de la Haine Ordinaire - Editions du Seuil - Coll. "Point-Virgule" - 1987



Mais Desproges n'est pas la seule référence qui me soit revenue en mémoire s'agissant de février. Un beau jour de 1992, j'ai posé sur ma platine un disque qui était alors très loin de ce que je pouvais alors écouter... Et c'était Fred K., encore lui qui me l'avait tout d'abord fait découvrir, en compagnie de Fred V. (quand on le disait que c'est un club) dans sa chambre d'étudiant au sous-sol d'une maison de l'avenue des Cottages... Sur ce dique hivernal et fragile, Dominique A. posait sur ses arragements minimalistes une voix grêle et blanche, une voix inquiète qui chantait Le Courage Des Oiseaux ou La Folie Des Hommes...
L'un de ces morceaux s'appelle tout simplement Février :

Février s'isolait, hésitait à rester,
Parfois même il pensait mettre un terme à ses jours.
Février va passer, et je n'aurait rien fait.
Jusque-là, tout va bien.

Février, je le sais, se trouvait débordé.
Cherchait la fin du soir, voulait se retrouver.
Février je t'emporte, au printemps, en été,
Dans le ciel décoloré qu'un coup de vent va chasser...

Dominique A. - La fossette - Lithium/Labels - 1992

1 commentaire:

les docs du LEM a dit…

Sympas les citations du grand Desproges qui manque cruellement à notre époque...