12 décembre 2006

Tel est-on ?

Le week-end dernier avait lieu pour la vingtième année consécutive la grand messe télévisuelle saisonnière, le grand week-end de la charité cathodique, je veux bien sûr parler du Téléthon...

Mais entendons-nous bien, je n'ai rien contre la charité publique, si ce n'est qu'elle s'avère être encore et toujours nécessaire aujourd'hui, et aussi qu'elle s'exerce à des vitesses bien différentes selon que l'on est myopathe, cancéreux, séropositif ou tout simplement pauvre...

Du strict point de vue de l'image, il est bien évident que le myopathe a un potentiel télégénique largement plus élevé que le séropositif souffrant d'infections multiples ou le cancéreux en phase terminale intubé par tous les orifices... Voir et revoir jusqu'à l'écoeurement un de ces enfants amarrés à son fauteuil de souffrance dans une posture grotesque atteint un degré dans le pathétique à peu près à mi-chemin entre l'austérité grave de la mouette emmazoutée et l'horreur sanglante du bébé phoque au crane éclaté sur sa banquise...

Car tel est le but avoué (à demi-mots) par les marchands d'images : susciter, provoquer les dons, faire que cette année soit celle de tous les records (sic) avant la prochaine...

Je ne me méprends pas sur l'engagement de l'AFM et de ceux qui la composent, je les crois d'une absolue sincérité. Celui des bénévoles ne fait guère de doute non plus même si je ne conçois d'engagement valable autrement que sur la durée... Quant aux bénéfices que peuvent en tirer la sciences et les malades, ils sont semble-t-il bien réels... Alors, où est le problème ?

Reste donc le point plus sujet à caution, à savoir le rôle des média et des gens de télé... car si les anonymes sont bénévoles, il est parfaitement douteux que tout ce petit monde le soit et rien n'étant gratuit il y a fort à parier que la charité se paie au prix de la minute d'antenne, ou plus certainement à celui de la minute de pub...

Mais, las des des affaires de (gros) sous, le plus inconvenant au fond c'est bel et bien de proclamer voire d'institutionnaliser que tel jour soit jour de bonté pour certains au détriment de certains autres, le moment le plus propice à la B.A. de l'année, où l'on se met une fois pour toute en règle avec sa conscience, comme on s'achetait autrefois une indulgence pour aller en paix dans l'indifférence le reste de l'année ; comme on va fleurir ses morts à la Toussaint pour mieux les oublier le reste du temps... Plus généralement, la bonté d'âme et la générosité ne se vendent pas au poids ni au mètre et il est bien dommage d'utiliser de si grosses ficelles pour les susciter...

Comme le disait très justement Pierre Dac : Donner avec ostentation, ce n'est pas très joli, mais ne rien donner avec discrétion ça ne vaut guère mieux ! A chacun de choisir son camp ou mieux, de tracer sa propre voie.

1 commentaire:

les docs du LEM a dit…

Bravo pour ton commentaire qui résume mon état d'esprit. L'AFM et leur combat, j'admire, je soutiens et il m'est arrivé de verser. Mais cette institutionalistation tous les ans et les médias qui font pleurer dans les chaumières... C'en devient insupportable, surtout pour les autres maladies... SIDA, cancers, Alzheimer, sclérose en plaque et tant d'autres... La liste elle-même deviendrait indécente. Bravo pour la citation de Pierre Dac. Ensuite, à chacune et chacun d'entre nous de trouver sa façon à lui, à elle, d'apporter une pierre à l'édifice de l'accompagnement de malades et de don pour la recherche. En même temps, le fait est que le Téléthon permet de faire connaître certaines maladies rares... C'est très compliqué...

Et merci, très cher Docteur Freyd, d'avoir rejoint le grand forum de Nath, Miss Peel and co. !!!